Intervention lors du débat sur le Plan d'Aménagement et de Développement Durable (09/11/2006)

le 09 novembre 2006 :: A La Courneuve

Successeur du Plan d'Occupation des Sols (POS), le Plan Local d'Urbanisme engage la commune pour les deux décennies à venir. Devant la nécessaire révision des orientations prises à La Courneuve, j'ai détaillé le bilan et les propositions des élus socialistes quant au projet urbain de la ville.

Ci-dessous, le contenu de mon intervention:

L'élaboration du Plan Local d'Urbanisme qui a vocation à succéder aux Plans d'Occupation des Sols est un acte important, car il engage la commune pour les deux décennies à venir. Le PLU va s'appuyer sur un diagnostic et sur le Projet d'Aménagement et de Développement Durable (PADD) qui traduit le projet urbain portant sur l'ensemble de la commune. Ce sont ces documents qui font l'objet de notre discussion de ce soir. C'est un moment important dans l'élaboration du PLU car le législateur a voulu, avec le diagnostic et le PADD, que la concertation avec la population soit au cœur de cette nouvelle démarche. Ce n'est que par la suite que ces grandes orientations relatives au projet urbain que nous voulons pour La Courneuve seront traduites de manière réglementaire dans le PLU.

Le premier point de mon intervention concerne un aspect technique qui recouvre une vision stratégique, j'ose dire politique (!) de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Si le conseil municipal a mis en révision le PLU, c'est fondamentalement parce qu'il considère que le document datant de 1986 dont la ville dispose aujourd'hui, qui réglemente son aménagement, son urbanisation, son développement, ne répond pas, ne répond plus aux nécessités, voire même constitue un obstacle, un frein à la mise en oeuvre de projets visant à transformer notre ville. Ce document de 1986 était marqué par deux caractéristiques majeures :
· le choix d'un développement économique essentiellement industriel (c'est ce qui explique en partie l'existence de nombreuses et importantes friches industrielles)
· et le choix fait pour le logement quasi-exclusivement collectif et social. Non pas que la construction de logements sociaux n'était pas dans le passé une nécessité, et ne le soit pas encore aujourd'hui (plus des 2/3 des ménages d'Ile-de-France ont des revenus inférieurs au plafond du logement social). Mais, dans notre ville, ce choix a conduit à ne pas favoriser par le passé l'accession sociale à la propriété et le logement locatif intermédiaire.
C'est important de le dire parce que, au bout du processus, nous aurons, avec le nouveau PLU, répondu à la question de savoir si nous avons élaboré un document en rupture ou dans la continuité de celui qui règle notre développement aujourd'hui encore.

Le deuxième point est qu'il faut commencer par dire que tous les aménagements, toutes les rénovations, toutes les requalifications, toutes les réglementations nouvelles... auront peu d'effets durables si la situation économique et sociale des gens ne change pas. On sait très bien que les décisions communales sont impactées par des choix nationaux, européens, voire internationaux : croissance et création d'emploi, actions de solidarité et politique de santé publique, place et rôle des services publics, politique du logement sont autant de domaines qui agissent tout aussi directement sur la vie quotidienne à La Courneuve qu'un certain nombre de décisions et de projets que nous évoquons ce soir. De ce point de vue, les débats nationaux qui seront tranchés à l'occasion des scrutins de l'année prochaine auront des conséquences immédiates et durables sur le devenir de La Courneuve.

On peut bien sûr évoquer la question du logement, car si rien ne bouge en la matière au niveau national, les discussions que nous avons ce soir sur les évolutions souhaitables en termes de logement et d'habitat à La Courneuve auront un impact moindre. Mais, ayant dit cela, c'est justement parce que les difficultés de la vie sont ici plus grandes qu'ailleurs que l'on a le devoir d'améliorer le cadre de vie et l'environnement. Un cadre de vie amélioré, une ville mieux aménagée, plus propre, plus sûre, ça contribue aussi à modifier les comportements individuels, à favoriser le respect des indispensables règles de la vie collective.

La troisième observation que je veux formuler est que pour envisager l'avenir de la commune dans les deux décennies à venir mieux vaut d'abord préalablement élaborer un constat, un état des lieux, un diagnostic lucide de la situation dans laquelle nous nous trouvons. On ne peut pas aujourd'hui, si l'on veut convaincre de l'existence de potentiels de développement formidables, si l'on veut expliciter les étapes, les moyens, les outils, le temps nécessaires pour passer de la situation d'aujourd'hui à la situation espérée demain, on ne peut pas éviter de décrire la réalité d'une ville qui aujourd'hui encore ne va pas bien.

C'est Saint-Exupéry qui écrivait « la vérité de demain se nourrit de l'erreur d'hier »... encore faut-il l'admettre et la reconnaître. Et de ce point de vue, on ne peut pas à mon sens résumer, comme c'est le cas dans le document PADD qui nous est proposé, la mise en perspective historique à deux ruptures, certes essentielles, pour expliquer l'évolution de la ville, mais pas suffisantes pour comprendre le développement de ses différents quartiers :
· la première, celle qui a fait passer La Courneuve de son statut de banlieue maraîchère de Saint-Denis à celle de banlieue ouvrière et industrielle de la capitale,
· la seconde liée à la construction du grand ensemble des 4000 et des infrastructures.
Puis ensuite, comme le fait le document, passer d'un point de vue historique aux opérations de renouvellement urbain des années 80. Je veux attirer l'attention sur quelques autres caractéristiques dans l'histoire et le développement qui pèsent sur la situation d'aujourd'hui.
· une caractéristique majeure de notre ville : l'absence de véritable centre-ville jouant un rôle pour toute la ville par l'ensemble des fonctions qu'il devrait concentrer. C'est certes une réalité historique notamment liée à ce statut de ville-banlieue maraîchère de Saint-Denis. Mais la transformation urbaine trop brutale du quartier dans les années 80 n'a malheureusement pas changé cet état de fait, elle l'a même peut-être aggravé. Il nous faut aujourd'hui, pour « faire de la ville », créer ou re-créer un centre-ville à la hauteur de nos ambitions pour La Courneuve.
· le Parc départemental qui occupe le tiers nord du territoire communal... davantage posé là comme un équipement structurant à l'échelle départementale voire régionale, mais qui finalement a aujourd'hui peu d'impact dans la perception que l'on peut avoir d'une ville qui serait verte et respectueuse de l'environnement. Enjeu majeur pour la ville : c'est l'exigence d'insertion du parc dans la ville, de faire que la présence massive du parc sur le territoire communal se ressente, se perçoive.
· Les quatre-routes : voilà un quartier ancien dans la construction de La Courneuve, qui était jusqu'à encore il y a quelques années équilibré, doté d'un habitat mixte et assez diversifié, de commerces nombreux, d'entreprises importantes, ... et qui aujourd'hui connaît des évolutions inquiétantes. Là, pour le coup, à la différence du centre-ville dont je viens de parler, c'est plutôt l'absence d'interventions publiques qui a caractérisé le quartier. En-dehors des écoles, il n'y a pas ou peu de lieu structurant au centre du quartier. Utilisant le PLU, il nous faut montrer notre réinvestissement aux 4 Routes afin de stopper leur déclin.

Pour résumer les problématiques que nous devons affronter :
· des quartiers d'habitat social importants et à requalifier · un coeur de ville non identifié et donc qui ne joue pas son rôle · une offre commerciale pas satisfaisante en quantité, parfois en qualité et souvent en diversité
· le morcellement du territoire communal
· un habitat privé qui se dégrade à un rythme inquiétant

Alors et ce sera ma quatrième observation, la question n'est donc pas d'être optimiste ou pessimiste sur l'avenir de La Courneuve, mais d'être déterminé à prendre appui d'abord et avant tout sur nos potentiels et nos atouts :
· jeunesse et diversité de sa population
· proximité de Paris et infrastructures de transports nombreuses
· Proximité du coeur de Plaine commune qui est un des pôles structurants de l'Ile-de-France aujourd'hui, et justifie le choix de l'intercommunalité dont chacun se souvient que nous avons été ici dans cette assemblée d'ardents défenseurs.
· Proximité du pôle en devenir du Bourget
· potentiels de mutations exceptionnels avec de nombreuses friches industrielles et disponibilités foncières en devenir (eu égard à la situation de la région parisienne )
· un niveau d'équipements élevé.
Et je veux, à cet instant, avoir un moment pour dire notre condamnation pour l'incendie du gymnase Langevin Wallon la semaine dernière qui prive avant tous les courneuviens de cet équipement, même s'il devait subir dans les prochains mois d'importants travaux. S'il s'agit bien d'un acte criminel, ses auteurs doivent être sévèrement sanctionnés, surtout qu'ils auraient pu mettre en danger la vie du gardien et de sa famille qui en sont les premiers touchés.

Cinquième point : Le PADD doit établir des hiérarchies et des priorités. Le législateur a voulu ce document comme un élément de compréhension, de déclinaison, de partage du projet urbain par les habitants. C'est pourquoi, de notre point de vue :
· l'orientation 1 ça doit être l'amélioration du cadre de vie pour rendre la ville plus belle et plus attractive pour tous, grâce à un meilleur environnement
· l'orientation 2 c'est le choix d'un développement économique et de l'emploi qui oriente les mutations en cours et qui est aux services des Courneuviens
· l'orientation 3 : diversifier l'habitat et intensifier les quartiers en veillant à ce que toutes les fonctions puissent s'y retrouver.

L'orientation 1 actuelle contenue dans le document (« la cohérence globale du territoire communal au sein de l'agglomération ») étant plutôt de mon point de vue une problématique générale qui rend possible les 2 autres.

Dernière remarque : on doit faire tout cela pour mieux maîtriser les évolutions, ne pas, ne plus subir certaines de ces évolutions qui donnent parfois le sentiment aux Courneuviens qu'il y aurait je ne sais quelle sorte de fatalité. Il s'agit de reprendre la main. A la fois en ayant clairement défini les objectifs, le projet global que nous voulons. C'est pourquoi, il faut mettre en débat les arbitrages, les questions à trancher : quelle perspective démographique, quel type de développement économique et où sur le territoire de la commune, quel mode de construction pour favoriser les principes d'une ville durable et respectueuse de l'environnement. Cela permettra ensuite d'élaborer les outils, les moyens, les étapes pour y parvenir. Ce sera l'objet du PLU, avec par exemple :
· La part des différentes catégories de logement que nous souhaiterons ou non favoriser : locatif social - locatif intermédiaire - locatif à loyer libre, locatif - accession à la propriété, collectif - individuel, typologies de logements,...
· Les zones dédiées au développement économique
· Les zones dédiées à l'habitat (pour limiter les nuisances liées à certaines cohabitations)
· La limitation des hauteurs d'immeuble,
· La maîtrise de la qualité de la construction par l'encouragement de l'utilisation de matériaux de qualité, de principes de construction pour un développement durable et pour limiter les consommations d'énergie
· La revitalisation et requalification des commerces par la mise en place de réglementations concernant les façades et les enseignes des commerces, et peut-être aussi l'utilisation du Droit de Préemption Urbain qui pourrait élargi aux transferts des baux commerciaux,...

Nous souhaitons que ces enjeux, ces choix, ces orientations possibles soient largement mises en débat dans la ville. Cette soirée ne doit pas être l'aboutissement de la démarche, mais une étape. Utilisons nos moyens de communication tels que Regards ou le site internet de la Commune pour permettre aux Courneuviens de s'exprimer sous forme d'articles thématiques dans le journal qui pose les différentes possibilités, un questionnaire à la population,...

Alors pour finir, et puisque j'ai commencé avec lui, l'essentiel n'étant pas comme le remarquait Saint-Exupéry, de prévoir mais de surtout de permettre l'avenir. C'est l'enjeu des décisions que nous aurons à prendre.



1 commentaire(s)


Bonsoir On assiste à l'emergence d'une nouvelle pratique dans la vente immobilière , à savoir, la vente à la decoupe c'est à dire, une personne achete un numero ou 1 morceau de terrain puis il le decoupe pour le vendre en plusieurs lots Cette pratique a été réglementée par certaines communes qui exige que le lot doit avoir X METRES CARRES, à titre d'exemple le maire divers gauche de mémore de Livry gargan ou pavillon sous bois à vérifier a réglementé la vente des numeros ou les suraces constructibles afin de conserver un réseau pavillionnaire
DJEMOUI BENNACEUR :: 24-12-2007 01:00

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