Lutter efficacement contre les discriminations, c'est agir en profondeur sur les représentations collectives, les préjugés qui sont à la source des comportements individuels créant l'inégalité. Or, il est toujours long et difficile de déconstruire des schémas mentaux bien établis. C'est donc dès la prime enfance qu'il faut commencer le travail qui mène à l'égalité réelle.

Le combat pour l'égalité entre les femmes et les hommes est inscrit de longue date au coeur des priorités politiques du Département. Depuis dix ans, l'Observatoire des violences envers les femmes développe ainsi des actions innovantes pour lutter contre le sexisme: intériorisé par les garçons comme par les filles dès le début de la vie, il se reconduit en effet de génération en génération quand rien ne lui fait obstacle, et constitue le terreau des discriminations et des violences qui s'exercent à l'encontre du sexe féminin.

Casser les stéréotypes solidement ancrés dans les esprits, éviter la reproduction infinie de schémas qui enferment les sexes dans des rôles prédéterminés: tel est l'objectif du "projet genre", lancé en 2006 au sein de la crèche Bourdarias à Saint-Ouen. Celui-ci est inspiré de pratiques suédoises, adaptées aux réalités françaises et locales, et suppose à la fois une formation spécifique et l'adhésion des personnels ainsi que l'implication des parents, laquelle se fait sur la base du volontariat. Dans cette crèche, on s'applique notamment à changer les habitudes de jeu des enfants: finis les poupées pour les filles d'un côté et les voitures pour les garçons de l'autre! L'ensemble des ateliers jeux est proposé à tous les enfants.

Parce que ce projet est, à l'image de l'action de l'Observatoire dans son ensemble, une réussite, la ministre des Droits des Femmes, Najat Vallaud-Belkacem, ainsi que la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, ont choisi de venir visiter, hier, la crèche pionnière. En juillet dernier, la création d'un Observatoire nationale sur les violences faites aux femmes était en effet annoncée. Je me félicite que l'action menée par la Seine-Saint-Denis - unique en France - puisse être une source d'inspiration pour l'action gouvernementale. Je souhaite en effet vivement que nous mettions notre expertise au service du gouvernement mais, aussi, des autres collectivités qui voudraient suivre la voie que nous avons fièrement ouverte dans ce domaine, en nous inspirant nous-mêmes des bonnes pratiques observées à l'étranger.

Sur le territoire, nous allons bien évidemment poursuivre notre démarche, en déclinant ce projet "genre" dans d'autres crèches départementales mais sans le reproduire à l'identique: chaque structure d'accueil élaborera son propre projet afin, notamment, de garantir qu'il soit adapté aux spécificités - culturelles et sociales - de chaque population ainsi qu'à ses besoins spécifiques. Dans la crèche Jacqueline Quatremaire, à Noisy-le-Sec, un travail similaire a ainsi été initié en avril 2010. La mise en oeuvre de la nouvelle pédagogie est actuellement à l'oeuvre.

J'espère par ailleurs pouvoir compter sur le soutien de nos ministres pour faire avancer le travail initié par le Département avec l'Education nationale afin que cette expérience de la pédagogie égalitaire puisse se poursuivre à l'école maternelle et dans le primaire. Au Conseil général, la continuité est déjà assurée auprès des collégiens via l'opération "Jeunes contre le sexisme": chaque année, en effet, ils sont 2000 à participer à cette action de sensibilisation des adolescents au respect entre filles et garçons.

Le sexisme n'a pas d'âge: c'est pourquoi le combat pour l'égalité femmes-hommes est de tous les âges de la vie. Ce sera d'ailleurs le thème du stand du Conseil général lors de la Fête de l'Huma des 14, 15 et 16 septembre prochains. Je vous invite à venir nombreux nous rejoindre, samedi matin, pour son inauguration.