Où en est-on 5 ans après ?

le 26 mai 2010 :: Dans la presse

Aujourd'hui, je vous invite à prendre connaissance de deux articles publiés aujourd'hui par Libération et France soir, dans lesquels mes propos font le point sur la situation à La Courneuve.

CINQ ANS APRES LE COUP DU KARCHER, LES 4000 TOUJOURS DANS LA TOURMENTE
Par MARWAN CHAHINE

La guerre des clans pour le contrôle du trafic de drogue a fait une nouvelle victime, lundi soir, à La Courneuve, en banlieue parisienne. Il y a cinq ans, Nicolas Sarkozy promettait de nettoyer les 4000 au Kärcher. Cette cité de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) est toujours en proie à la violence et aux trafics. Lundi soir, un jeune homme de 28 ans est décédé après avoir été atteint d'une balle en plein coeur au pied de l'immeuble Balzac. Connu des services de police - pour des vols notamment -, il aurait été victime d'un règlement de compte entre bandes. La veille, une mère de famille de 54 ans avait été blessée à la jambe par une balle perdue. Ces violences avec arme à feu se sont récemment intensifiées sur fond de rivalité entre Balzac et le Mail de Fontenay, deux barres situées à 200 mètres d'écart dans la même cité. En jeu, le trafic de drogue et plus précisément la recherche de nouveaux territoires alors que bâtiment Balzac doit être prochainement détruit dans le cadre de la rénovation urbaine. Pourtant, les dealers y poursuivent leur activité en s'appuyant notamment sur des familles qu'ils ont aidées à investir les lieux. Il y aurait ainsi 43 logements squattés dans la barre. Malgré la présence d'une compagnie privée pour assurer la sécurité des lieux. Corrélation. Cette guerre des clans n'est pas nouvelle. En juin 2005, Sidi Ahmed, un enfant de 11 ans, en avait été la victime, tué par deux balles perdues alors qu'il nettoyait la voiture de son père en bas du bâtiment Balzac, à quelques mètres de l'endroit où s'est déroulé le meurtre de lundi. C'est au lendemain de la mort du jeune garçon que Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, s'était rendu dans la cité des 4000 et avait dégainé son «Kärcher». Un terme choc qui avait provoqué une polémique, de nombreux habitants s'estimant insultés. Hier, Fadela Amara, secrétaire d'Etat à la Ville, a repris à son compte le vocable de Sarkozy à propos de l'insécurité en banlieue dans un entretien au Télégramme, répétant que la récente flambée de violences est le fruit d'interpellations de trafiquants. Une corrélation que contestent de nombreux résidents de ces quartiers ainsi que des sources policières. «Il est insupportable d'entendre Fadela Amara parler de Kärcher, s'emporte Stéphane Troussel, conseiller général socialiste de La Courneuve. Quand elle dit ça, elle s'adresse à la vieille dame en Corrèze et pas aux habitants des quartiers. En cinq ans, la situation s'est dégradée malgré les efforts de rénovation urbaine», explique-t-il. L'élu estime que, malgré les annonces de Nicolas Sarkozy en 2005, le trafic fait toujours régner sa loi et les armes circulent librement. «Les bonnes intentions de Mme Amara ne suffisent pas et les collectivités manquent cruellement de moyens pour mener à bien une politique de la ville. Dans tous les services publics, nous sommes en sous-effectif, et l'antenne de police locale qui avait été créée en 2000 n'existe plus», déplore-t-il. Écho. Réagissant aux affrontements de lundi soir, Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, exige la mise en place d'une «véritable police de proximité». «Face à des situations de l'ampleur de ce qui se passe à La Courneuve, il faut surtout des enquêteurs ou des officiers», renchérit Stéphane Troussel, avant de conclure : «Tous les ingrédients sont là pour que ça pète à nouveau.» Des propos en écho avec ceux de nombreux maires de banlieues qui n'hésitent plus à parler de «ghettoïsation» et de «poudrière». Hier après-midi, aux 4000, plusieurs résidents de la cité commentaient les récents événements, entre agacement et résignation : «C'est pas une vie, dès que je peux, je déménage, je n'ai pas envie que mon fils devienne un délinquant», affirme Walid, un père de famille. «On a l'habitude, on fait avec», assure un autre. Mais plus que le «nettoyage au Kärcher», beaucoup d'entre eux reprochent à Nicolas Sarkozy son «travailler plus pour gagner plus». Walid peste : «Quand on a la chance d'avoir un boulot, on se défonce et on ne voit rien venir.»



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