Algérie: cinquante ans d'indépendance après

le 05 juillet 2012 :: Actualités

Le 5 juillet: un jour où l'Algérie aime à s'inviter dans ma réflexion. J'ai toujours à cette date une pensée émue pour les femmes et les hommes qui ont donné leur vie pour faire respecter ce principe fondamental et pourtant tant bafoué qu'est le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, pour abattre l'inégalité et briser les fers du système colonial. Le 5 juillet 1962, ils avaient enfin conquis leur liberté. C'était il y a cinquante ans. Un demi-siècle, c'est une éternité pour les jeunes générations mais encore trop peu pour que les acteurs de l'époque puissent y revenir sereinement et ainsi finir de briser le tabou qui a longtemps, trop longtemps empêché la France de regarder son passé en face.

Les accords d'Evian avaient ouvert la voie, le 19 mars 1962, à l'issue d'un conflit d'une violence sauvage qui a fait environ 500 000 morts. Le 5 juillet 1962, enfin, après plus de sept années d'affrontements et d'exactions, l'indépendance de l'Algérie est proclamée.

Les accords d'Evian ont fait naître l'espoir, un espoir immense d'un destin national qui commençait sous la forme d'une libération et serait une marche résolue vers l'avenir... Du renversement de son premier président, Ahmed Ben Bella à la présidence d'Abdelaziz Bouteflika, des révoltes kabyles au printemps arabe, de la guerre d'indépendance à la décennie noire des années 1990...l'Histoire hésite. Cinquante ans après, toutes les aspirations nées de l'indépendance n'ont pas encore trouvé à se réaliser.

Les raisons de croire en demain abondent pourtant sur cette terre. Les richesses naturelles de l'Algérie, sa jeunesse, l'immensité et la diversité de son territoire, ses écoles, toujours plus nombreuses, son patrimoine historique et culturel, le dynamisme de sa société civile, son potentiel touristique... Autant d'arguments qui plaident en faveur des rêves de grand destin des Algériens en ce 5 juillet 1962.

Ce cinquantenaire doit aussi être l'occasion de construire de nouvelles relations entre la France et l'Algérie. Cela passe nécessairement par un regard lucide de notre pays sur son passé colonial et la reconnaissance des atrocités commises par la France. Je vous invite d'ailleurs à écouter l'intervention de Daniel Goldberg sur France Culture qui demande au président de la République que la France reconnaisse les répressions sanglantes du 8 mai 45 à Sétif et du 17 octobre 61 à Paris. Comme l’affirme François Hollande dans une lettre au président algérien Abdelaziz Bouteflika, il y « a place désormais pour un regard lucide et responsable » de la France sur son passé colonial en Algérie et d'ajouter "Français et Algériens partagent une même responsabilité, celle de se dire la vérité". C’est indispensable pour construire ensemble le destin commun des deux rives de la Méditerranée. C’est la responsabilité de nos générations.



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