J'ai participé aujourd'hui, à Saint-Denis et en présence notamment de Jean-Paul Huchon, d'Abdelhak Kachouri et de Mathieu Hanotin, de Viviane Romana à la 14^e commémoration des victimes de l’esclavage colonial. En 1998, en effet, on célébrait le 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage ; la date du 23 mai avait été choisie en référence aux soulèvements qui eurent lieu sur l'île de la Martinique pour exiger l'application immédiate du décret d'abolition pris le 27 avril 1848 en métropole.

L'année suivante, l'association Comité marche du 23 mai 1998, partenaire du Conseil général au titre de son action en faveur de la lutte contre les discriminations et pour l’égalité des chances, a été créée. Elle s'est fixée pour mission l'organisation annuelle de cette journée. Depuis lors, les 23 mai sont des jours dédiés à la mémoire des plus de dix millions d'Africains déportés et réduits en esclavage par la traite négrière atlantique, du XVIe au XIXe siècles. Cette date leur est consacrée, à eux, victimes directes de la barbarie, à leurs enfants nés dans les fers et à leurs descendants, aujourd'hui hommes et citoyens au même titre que tous les autres mais héritiers d'un déracinement terrible et d'une blessure dont les stigmates se font encore sentir.

L'action du CM98 est fondamentale en ceci qu'au-delà du souvenir qu'elle entretient, elle permet à la fois de libérer des paroles et d'offrir aux originaires d'outre-mer une meilleure connaissance de leur histoire. Partant, c'est la réappropriation d'une identité qui devient possible et, au-delà, l'exercice d'une citoyenneté active et accomplie.

C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai prononcé un discours sur cette page terrible de notre histoire, l'un des plus grands drames, l'une des plus grandes fautes de l'humanité, dont je vous invite à prendre connaissance ici. En gardant à l'esprit la conclusion à laquelle les siècles écoulés nous amènent : parce que l'esclavage a produit du métissage, il a fécondé le genre humain. Telle est la véritable victoire de la civilisation sur la barbarie.