La Courneuve en mai, Sevran en juin puis en juillet, Grenoble en juillet : l'escalade de la violence dans les quartiers populaires n'en finit plus. Alors demain, le Président de la République viendra en Isère, comme il l'a fait il y a quelques mois en Seine Saint-Denis, installer un nouveau Préfet issu des rangs de la police. Et comme dans le hall de la Préfecture de Bobigny, il utilisera quasiment les mêmes mots et les mêmes recettes que ceux qu'ils nous assènent depuis 8 ans. Il va «  mener une véritable guerre contre la criminalité », « traquer les délinquants jusque dans les halls d'immeubles », « aucun quartier n'échappera à l'autorité de la loi », etc, etc.

Après avoir nié la dégradation de la sécurité dans les quartiers populaires, Nicolas Sarkozy, de nouveau en campagne, nous refait le coup de « vous allez voir ce que vous allez voir !». Le problème avec Nicolas Sarkozy, c'est qu'il ne règle pas les difficultés, il se contente de les nommer. Or, les mêmes mots, sans une action différente, conduiront aux mêmes résultats. Ce faisant, il décrédibilise un peu plus la parole publique. Ce ne sont bien évidemment pas les hommes choisis par le chef de l'Etat qui sont en cause : leur volontarisme, leurs compétences, leur connaissance de la police, les moyens dont ils peuvent, au moins un temps disposer, leur permettent de mener quelques opérations plus ou moins efficaces. Mais qui peut croire que cela pourra suffire à régler durablement les difficultés et la violence dans les quartiers populaires ?

Face à son échec en banlieue, la tentation est grande, pour N.Sarkozy et son gouvernement, d'abandonner les quartiers populaires à leur sort en tentant par quelques opérations sécuritaires - spectaculaires et médiatisées - d'en contenir les débordements épisodiques. Il est temps que l'Etat mène une action constante, globale et cohérente. Il est possible de rétablir la sécurité publique dans les quartiers populaires dès lors que l'on s'en donne les moyens :

. D'une part, avec le rétablissement d'une police proche des gens, correspondant aux besoins quotidiens de la population, affectés dans les commissariats et antennes de quartiers.

. D'autre part, avec le bon usage des forces de police. Il faut instituer une véritable police républicaine respectée dans toute l'étendue de ses missions à la fois de proximité, d'investigation et de rétablissement de l'ordre.

. Enfin, il est urgent de redonner de l'espoir dans les quartiers populaires par une véritable action redistributive de la puissance publique. C'est ici que tout est en train de se jouer pour la République. C'est ici que la République doit agir en priorité.