Le suspens, grand absent de l’ordre du jour : la plaisanterie n’a cessé de parcourir les rangs de la majorité comme de l’opposition, hier, dans une ambiance joviale, lors de la séance exceptionnelle du Conseil général consacrée à l’élection de son nouveau président. En l’occurrence, moi-même. Il n’empêche : ce fut pour moi un moment très émouvant et solennel, celui où l’on mesure à la fois la rareté de l’honneur qui nous est fait et combien il nous oblige.
Hier, mardi 4 septembre et jour de la rentrée des classes – choix dans lequel il faut voir plus qu’un symbole –, j'ai en effet été élu président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis. Après quatre années passées entre luttes acharnées pour le Département et lancement de grands chantiers pour construire l’avenir, Claude Bartolone, récemment élu à la présidence de l'Assemblée nationale, a donc officiellement quitté son fauteuil pour réintégrer celui de simple conseiller général. Quatre années passées, en ce qui me concerne, au sein de l’exécutif départemental, à ses côtés, en tant que vice-président en charge de la Politique de la Ville et président du Groupe socialiste et gauche citoyenne, entre 2008 et 2011, puis en tant que premier vice-président depuis les élections cantonales de 2011. Ces différentes fonctions successives et les combats dans lesquels elles ont trouvé à s’incarner m’ont préparé à assumer cette étape supérieure, celle de la présidence d’un Conseil général.
Enfant du territoire et élu n’ayant qu’un mandat exécutif, je compte me consacrer pleinement au Département – tout en continuant d’avoir un œil alerte et une oreille attentive à l’égard de celle qui reste la ville dont je suis le conseiller général, La Courneuve. Un premier gage de ma fidélité aux Courneuviens a été ce matin donné avec mon tout premier déplacement en tant que président du Conseil général : une visite aux deux des trois collèges de la ville qui voient en cette rentrée arriver un nouveau principal.
Cette disponibilité ne sera pas de trop pour donner corps et défendre les priorités d’action du nouvel exécutif, exposées lors de mon discours d'investiture. A la tête du département, je veux affirmer avec force l’utilité et la spécificité de cette collectivité territoriale, à l’aune de l’acte III de la décentralisation qui doit permettre de redéfinir les relations entre Etat et départements, et ce notamment sur le plan financier. Le département doit être la collectivité de la justice et de l’égalité territoriale, capable, comme nous l’avons jusqu’à présent été en Seine-Saint-Denis – sur la question des luttes contre l’exclusion scolaire, le sexisme et les violences faites aux femmes et bien d’autres –, d’inventer des solutions adaptées aux problèmes qui se posent à lui. Une collectivité qui doit avoir les moyens de son action – essentielle au quotidien : en Ile-de-France, il est urgent de mettre en place une plus juste répartition des ressources. Puisque Neuilly – pour reprendre les propos du candidat Hollande – doit payer pour Bobigny, les Hauts-de-Seine devront aussi payer pour la Seine-Saint-Denis.
Un autre axe fort de mon mandat, dicté par la composition de la population séquano-dyonisienne, sera celui de l’égalité réelle. Département métissé, département-monde, la Seine-Saint-Denis n’a d’identité que diverse. Les origines multiples de ses habitants sont notre richesse ; une richesse qu’il nous appartient de faire fructifier en luttant de toutes nos forces contre l’enclavement, le désoeuvrement et, parfois même, le sentiment de relégation, voire de déclassement qui ronge à petit feu, sapant lentement mais sûrement les fondements du contrat social de notre République. Le nombre de nos enfants, de nos jeunes est une chance pour le pays. A ce titre, nous avons un devoir fondamental à l’égard de chacun d’entre eux : je compte le saisir à bras-le-corps. Ce devoir, c’est celui de la réalisation concrète de la promesse d’égalité républicaine, cent fois invoquée mais cent fois déshonorée. Il nous appartient de tout mettre en œuvre pour que le fait d’être un enfant de la Seine-Saint-Denis ne soit plus jamais un handicap mais toujours un atout. Il nous appartient de déployer tous les moyens en notre possession et même au-delà pour abattre les murs, les murs qui séparent, les murs qui limitent, les murs qui enferment. C’est un message d’optimisme et d’ambition que je veux porter et relayer. C’est à nous, Séquano-dyonisiens, d’y croire d’abord pour qu’il porte loin au-delà de notre territoire. Et faire de la Seine-Saint-Denis, à travers chacun de ses habitants, un ambassadeur de la France nouvelle, cette France jeune et dynamique qui porte en elle les véritables espoirs de redressement du pays. Je lancerai donc rapidement un plan de lutte contre toutes les discriminations et pour l'égalités des chances.
Je veux, enfin, faire de notre assemblée départementale un lieu de débat et de concertation, tant au sein de la majorité qu’avec l’opposition, ouvert sur l’extérieur. En temps de crise plus qu’à aucun autre moment, il est absolument nécessaire d’unir les forces afin de les canaliser au service du seul intérêt général. Tel sera mon rôle en tant que 6e président du Conseil général de la Seine-Saint-Denis.