Des noms sur les murs

le 27 mars 2012 :: Au Conseil Général

Entre le printemps et l'été 2009, à l'occasion de travaux à la Cité de la Muette, patrimoine de l'OPH 93, les entreprises missionnées par l'Office pour réaliser des travaux de rénovation ont découvert des graffiti d'internés du camp de Drancy. Dessins, calendriers, noms et dates, messages, poèmes...laissés sur ces carreaux de plâtre par les internés avant leur départ vers l’horreur des camps d’extermination. Autant de témoignages de cette page terrible de notre histoire nationale. La cité de la Muette fut en effet le principal camp d'internement et de transit des Juifs de France de 1941 à 1944 dans la mise en application, en territoire occupé, de la « solution finale ».

Inscrits sur des carreaux de plâtre servant de contre-cloison, ces graffiti ont été récupérés et stockés par l'OPH 93 - dont je tiens à saluer le professionnalisme et la vigilance attentive - puis restaurés sous la responsabilité du service des Archives et du Patrimoine culturel du Département  de la Seine-Saint-Denis. A partir d’un travail minutieux d’études et de restauration, le Conseil général et le Mémorial de la Shoah, soutenus par la Région Ile-de-France, en ont fait une exposition, Des noms sur les murs. Les graffiti du camp de Drancy (1941-1944). Elle est présentée depuis hier et jusqu'au 16 septembre 2012 au Mémorial à Paris. J'ai participé hier à son inauguration en présence de Claude Bartolone et de Jean-Paul Huchon et de mes collègues vice-présidents Emmanuel Constant et Daniel Guiraud.

Durant la Seconde Guerre mondiale, plus de 74 000 Juifs ont été déportés depuis la France occupée vers les camps d'extermination d'Auschwitz-Birkenau et de Sobibor. Seuls 3,5% en sont revenus. Arrêtés lors des rafles parisiennes, ils ont été internés dans des camps. Drancy devient rapidement le principal d'entre eux. Ainsi, entre juin 1942 et juin 1943, 41 convois sont formés à la gare du Bourget-Drancy, déportant près de 40 000 détenus, hommes, femmes et enfants. En juillet 1943, un changement de gare de départ s'opère. C’est celle de Bobigny, qui est alors jugée sans doute « plus fonctionnelle et plus discrète » par le nouveau dirigeant nazi commandant du camp de Drancy, Aloïs Brunner. Ce sont au total près de 22 500 personnes qui en partiront. Le dernier convoi important de la « solution finale » est formé en gare de Bobigny le 31 juillet 1944.

Ces graffiti constituent donc une découverte historique majeure, à la charge émotionnelle immense, qui vient ajouter à la connaissance que nous avons du génocide dont ont été victimes les Juifs d'Europe, auquel la France de Pétain a participé. Le Conseil général tient à faire connaître cet aspect de l'histoire du département afin que chacun, et surtout les jeunes générations, puissent tirer les leçons du passé. Ainsi, l'exposition sera reprise aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis de septembre 2012 à février 2013.



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