En complément des dépêches de l'agence de presse Associated Press (ci-dessous), je vous invite à prendre connaissance de mon communiqué (en pièce jointe) suite aux déclarations du président de la République.
Sécurité: le socialiste Troussel épingle "une opération médiatique"
AP - Associated Press | 28.05.2009 | 12:18
"Nous en avons assez des coups de menton, des déclarations tapageuses et des opérations médiatiques en tous genres", lance jeudi le vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis, le socialiste Stéphane Troussel, après le discours de Nicolas Sarkozy sur la sécurité. "On n'attend plus de M. Sarkozy un bilan ou un énième projet. On attend surtout de lui qu'il reconnaisse son échec", avec "depuis 2002, la situation dégradée, en particulier dans nos quartiers populaires", déplore-t-il dans un communiqué. "C'est pourquoi, le président de la République est contraint d'organiser une nouvelle opération médiatique pour masquer l'échec de sa politique". "Cet échec l'oblige à falsifier la réalité pour tenter de masquer la gravité des faits", "notamment le développement de la vidéo-surveillance présentée comme la panacée: développée par le maire de La Courneuve, on peine à en voir l'efficacité dans cette ville!", constate l'élu socialiste de Seine-Saint-Denis. "Il est temps que l'Etat adopte une attitude transparente et responsable, en abandonnant toute manipulation des chiffres". "Ce n'est pas en brisant le thermomètre que l'on fait baisser la fièvre", ajoute-t-il, conseillant de "communiquer les véritables chiffres des effectifs de police déployés dans les quartiers" et de "mener une politique de sécurité cohérente et coordonnée dans la durée".
Sécurité: Sarkozy dramatise et ressort son discours musclé
AP - Associated Press | 28.05.2009 | 14:04
Dramatisant la situation de l'insécurité, Nicolas Sarkozy a de nouveau sonné la chasse aux "voyous" jeudi, promettant dans un discours musclé qu'il poursuivrait la lutte contre la délinquance "sans états d'âme, sans concession, sans la moindre complaisance". Une attitude qui a relancé les critiques à gauche sur l'exploitation médiatique de ce sujet porteur pour la droite. A dix jours des élections européennes, le chef de l'Etat et éternel ancien ministre de l'Intérieur a surfé sur les faits divers récents pour relancer des mesures déjà annoncées et justifier toute une série de nouvelles dispositions destinées à lutter contre la violence à l'école et contre l'insécurité dans les quartiers "rongés par la délinquance". Surtout, il a repris le discours intransigeant qui est sa marque en matière de sécurité, dénonçant pêle-mêle "l'angélisme", "la dictature des bons sentiments" et "la pensée unique" selon laquelle "la misère engendre naturellement la criminalité". "Je dis exactement le contraire", a-t-il tonné, "la délinquance ne procède que très rarement de la souffrance sociale. Elle résulte simplement de l'attrait de l'argent facile".
Le président de la République, qui avait réuni à l'Elysée préfets, procureurs généraux, directeurs de la sécurité publique, commandants de gendarmerie, inspecteurs d'académie, directeurs des douanes, des services fiscaux, ainsi que le Premier ministre François Fillon et quatre ministres -Michèle Alliot-Marie (Intérieur), Rachida Dati (Justice), Xavier Darcos (Education) et Eric Woerth (Budget et Fonction publique)-, a toutefois dû reconnaître que les chiffres de la délinquance avaient augmenté depuis mars, contrairement "à l'évolution observée depuis sept ans". S'appuyant sur les récentes agressions violentes dans et hors des établissements scolaires -qu'il a longuement évoquées- il a repris les propositions formulées par Xavier Darcos, déclenchant de très fraîches réactions dans le monde de l'éducation. "Il faut mettre fin, tant qu'il en est encore temps, avant qu'une catastrophe ne se produise, à la banalisation du port d'armes dans la rue", a-t-il estimé pour justifier la vigueur de son discours. Des portiques de sécurité pourront être installés "au cas pas cas" à l'entrée des lycées et collèges et les chefs d'établissement se verront confier le droit de "faire ouvrir" sacs et cartables. Chaque rectorat également aura une "équipe mobile" prête à renforcer les établissements en cas de problème de discipline. Selon M. Darcos, les académies de Versailles et de Créteil commenceront à la rentrée 2009, avec "une force d'une cinquantaine de personnes". Nicolas Sarkozy a aussi annoncé que les réservistes de la police nationale pourraient être mobilisés pour renforcer la sécurisation des établissements. Mais l'idée de sanctionner financièrement les familles des élèves violents a en revanche été abandonnée.
Sur un autre volet, Nicolas Sarkozy a exigé une multiplication des "opérations coup de poing" dans les 25 quartiers les plus sensibles, "rongés par la délinquance". "Les parties communes des immeubles, les appartements et caves squattées devront faire l'objet d'une fouille minutieuse", a ordonné l'ancien ministre de l'intérieur, qui veut que "ces opérations se prolongent aussi longtemps qu'il le faudra". Il a de nouveau demandé que ses services frappent les délinquants "au portefeuille". Pour cela, il souhaite mobiliser des fonctionnaires des services fiscaux chargés de "détecter les signes extérieurs de richesse indue". "Des gens qui n'ont jamais travaillé de leur vie et qui pilotent en toute impunité de grosses voitures doivent répondre devant les services fiscaux", a-t-il grondé. Nicolas Sarkozy a aussi demandé aux douaniers et aux agents du fisc de mieux collaborer à l'action des forces de l'ordre. Quant aux poursuites, elles devront être plus efficaces grâce au recrutement annoncé de 1.000 officiers de police judiciaire supplémentaires. Il a aussi annoncé un plan de lutte contre les cambriolages dans dix départements, auxquels seront réaffectés 130 gendarmes. "Nous ne laisserons pas de petits voyous cupides persécuter des travailleurs honnêtes et courageux", a promis le chef de l'Etat avec des accents populistes.
"Les Français, dans leur immense majorité, sont au côté des autorités de l'Etat", a affirmé Nicolas Sarkozy, qui semblait répondre par avance aux critiques sur cette nouvelle "opération médiatique", selon l'expression du socialiste Stéphane Troussel. "La technique, on la connaît. Il y a des annonces en rafale", mais (...) personne n'est dupe parce que ce sont des annonces qui, pour une bonne part, ont déjà été faites et sont sans lendemain", a attaqué Delphine Batho, vice-présidente du groupe PS à l'Assemblée. "Avant l'intervention du président, on était déjà au neuvième plan contre la violence (en milieu scolaire, NDLR) depuis 1993", a relevé le secrétaire général de l'UNSA-Education Patrick Gonthier, qui a vu dans le discours présidentiel une "dramatisation inefficace et stérile". AP