Le décalage horaire nous a permis d’accueillir, en France, la nouvelle de la réélection de Barack Obama au réveil. Nous ne connaissons pas encore le score exact des deux candidats mais c’est un soulagement de savoir que l’Amérique a refusé le tournant conservateur et dérégulateur que lui proposait Mitt Romney.
C’est une bonne nouvelle pour l’Amérique, mais tout autant pour le reste du monde.
Il y a quatre ans, l’élection de Barack Obama avait suscité une vague d’enthousiasme mondiale sans équivalent par son ampleur depuis l’espoir qu’avaient nourris, en leur temps, un Nelson Mandela ou un Vaclav Havel. Avec l’accession d’un Afro-américain au parcours mondialisé, c’était toute une jeunesse européenne elle-même métissée qui s’était sentie enfin représentée, enfin défendue face aux discours racistes, xénophobes ou nationalistes.
Cette fois-ci, la victoire de Barack Obama est moins éclatante, moins brillante peut-être qu’en 2008. La crise a surgi et les difficultés économiques et institutionnelles ont entravé l’action de cet homme politique réformiste dont tous les progressistes attendaient beaucoup, peut-être trop.
Mais cette élection, que beaucoup observaient avec inquiétude avec la montée d’un Tea Party virulent, me semble constituer un autre symbole, tout aussi magnifique, celui de la maturité du peuple américain face à la crise économique.
Comme en France, la radicalisation de la droite a choqué plus qu’elle n’a convaincu et comme Nicolas Sarkozy en France il y a six mois, Mitt Romney a déplu par son manque d’empathie pour les difficultés de la grande majorité des habitants de son pays. La montée du chômage et de la pauvreté semblait aux droites nationales une aubaine pour attiser les tensions et les divisions. Les peuples ont marqué, au contraire, leur refus de l’austérité et des discours de haine.
Obama est maintenant libéré de la contrainte de sa réélection, il va donc pouvoir nous montrer toute l’étendue de son talent et de sa volonté. Pour ma part, j’attends de lui qu’il puisse aller au bout de la promesse qu’il nous a faite il y a quatre ans, de véritablement changer la face du monde. Entre la paix au Proche-Orient, la régulation d’une finance mondiale toujours aussi vorace, et la lutte contre le changement climatique, la tâche ne manquera pas, mais nous serons, en France, à ses côtés. En Amérique comme en France, les années qui viennent doivent être celles de l’espoir retrouvé et réalisé.