70e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv : blessure et responsabilité françaises

le 16 juillet 2012 :: Actualités

Ce 16 juillet 2012 est un jour qui trouve des résonances dans un passé français coupable et douloureux, celui de la terrible rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942.

Au son toujours bouleversant, mais cette année plus encore, du Chant des partisans, j’ai, nous avons rendu hommage, à la cité de la Muette à Drancy, aux 13 152 Juifs étrangers réfugiés en France qui furent arrêtés à Paris et dans sa banlieue puis déportés vers les camps de la mort.

Avant l’infernal voyage dont seule une centaine de ces milliers de personnes reviendront, certains furent envoyés dans le camp d’internement de Drancy, d’autres parqués durant plus de quatre jours dans le vélodrome d’hiver du 15e arrondissement de Paris. Pour ceux-là, l’étape suivante sera le camp de Beaune-la-Rolande, Pithiviers ou, là aussi, celui de Drancy. Pour tous, la destination finale sera le camp d’extermination d’Auschwitz.

Durant des décennies, le nazisme a été identifié et pointé du doigt comme l’unique bourreau de ce crime de masse. Si les esprits ont été contraints, au tournant des années 1970-1980, de retrouver la mémoire par les travaux d’historiens et de cinéastes ou les combats de figures majeures telles que Serge Klarsfeld, c'est en 1995 que le Président Chirac a reconnu l’implication et la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv et, plus largement, dans la déportation de 75 000 Juifs de France au cours de la Seconde Guerre mondiale : c’est son discours, prononcé le 16 juillet 1995, qui a en effet marqué une rupture dans le rapport de la France à son histoire. Je voudrais donc rendre hommage à son courage en reproduisant ici une partie de ce discours qui n’a rien perdu de sa force :

Il est, dans la vie d'une nation, des moments qui blessent la mémoire, et l'idée que l'on se fait de son pays. […] Il est difficile de les évoquer, aussi, parce que ces heures noires souillent à jamais notre histoire, et sont une injure à notre passé et à nos traditions. Oui, la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, par l'État français. […] Il y a cinquante-trois ans, le 16 juillet 1942, 450 policiers et gendarmes français, sous l'autorité de leurs chefs, répondaient aux exigences des nazis.[…] La France, patrie des Lumières et des Droits de l'Homme, terre d'accueil et d'asile, la France, ce jour-là, accomplissait l'irréparable. Manquant à sa parole, elle livrait ses protégés à leurs bourreaux. […] Nous conservons à leur égard une dette imprescriptible.

Une cérémonie officielle aura lieu dimanche à Paris, sur les lieux de l'ancien vélodrome d'Hiver, détruit en 1959, en présence du président de la République François Hollande. Sa parole est particulièrement attendue. Elle est importante tant pour les derniers survivants de l’Holocauste et leurs familles que pour nos jeunes générations. L’histoire se répète d’autant moins qu’on est capable d’en tirer les leçons. Nous avons donc le devoir d’enseigner notre passé, dans toutes ses dimensions, à nos enfants.



0 commentaire(s)

VOTRE COMMENTAIRE
(qui sera soumis à validation avant mise en ligne)

NOM

EMAIL

COMMENTAIRE




SUIVRE STÉPHANE TROUSSEL
 
DERNIÈRES PHOTOS