Le décès de Raymond Aubrac – de son vrai nom Samuel – est un triste événement pour la France, qui voit sans cesse se réduire, au gré du passage du temps, le nombre de ses grands héros de la Résistance… Mais à 97 ans, quatre années après la disparition de sa compagne de toujours, Lucie Aubrac – dont un collège du département porte fièrement le nom, à Livry-Gargan –, et après des milliers d’heures consacrées à transmettre la mémoire d’une période trouble mais fondatrice aux jeunes générations, Raymond a bien mérité de partir en paix.
François Vallet, Claude Hermelin, Balmont puis Aubrac : tout sauf Samuel, le nom donné à son épouse, le nom de ses parents, le nom, aussi, qui indique son ascendance juive. Ses parents mourront d’ailleurs en déportation à Auschwitz. Entré dans la résistance en 1940 dans la région lyonnaise, artisan fondateur du mouvement Libération-Sud sous l’égide de Jean Moulin avec qui il sera arrêté sur ordre de Klaus Barbie le 21 juin 1943 à Caluire, torturé puis évadé grâce à Lucie, commissaire de la République à Marseille à la Libération… Ami d’Hô Chi Minh, puis intermédiaire, à la demande de Henry Kissinger, entre Nord et Sud durant la Guerre du Vietnam… Plus récemment, soutien affiché de la cause du peuple palestinien comme de celle des sans-papiers de l’église Saint-Bernard : la liste est longue des engagements et des combats de toute une vie contre le renoncement et l’injustice. « Une seule chose nous a guidés : l’optimisme, la conviction qu’en nous engageant, nous pouvions changer les choses », confiait-il au Monde en mars 2011.
Or, c’est bien cette conviction qu’il apparaissait urgent, aux yeux de Raymond Aubrac, de rallumer dans les jeunes esprits de la France contemporaine. « Il y a actuellement une génération de jeunes à laquelle on ne propose rien. Ils n’ont pas le sentiment que la société aura besoin d’eux, qu’ils doivent se préparer à y jouer un rôle […]. Il faut absolument redonner espoir à la jeunesse ». C’est bien en effet l’un des défis majeurs qui attend notre prochain président de la République, celui de redonner toute la place qui est la sienne à notre jeunesse. Raymond Aubrac avait d’ailleurs apporté son soutien au candidat socialiste, persuadé qu’il était que « François Hollande Président de la République française rendra au pays sa confiance et qu’il aidera tous les Français à mieux se projeter dans l’avenir. »
La disparition de ce grand "monsieur" suscite légitimement beaucoup d'émotion.