C'est une grande figure socialiste et une citoyenne d'honneur que nous avons perdue cette nuit, une militante de toute une vie qui faisait honneur à la Gauche et à notre pays. Danielle Mitterrand, résistante à 17 ans, résistante face à toutes les oppressions, résistante jusqu'au dernier jour.

En 1944, elle fait la connaissance, dans la clandestinité, du "capitaine Morland", alias François Mitterrand. Si elle devient, après son élection à la présidence de la République en 1981, la première dame de France, Danielle Mitterrand n'en conservera pas moins sa liberté d'esprit et, dans une large mesure, d'action, quitte à se mettre en porte à faux vis-à-vis de la "realpolitik", et à bousculer l'univers feutré de la diplomatie française. Les causes qu'elle a défendues, au nez des puissants et des tyrans de ce monde, sont nombreuses : celle du peuple kurde, de l'indépendance du Tibet, des révoltés contre l'injustice et les inégalités tels que le sous-commandant Marcos du Chiapas, au Mexique, ou encore - cas plus ambigu il est vrai - la révolution castriste. Elle est aux côtés du président Mitterrand lorsque celui-ci accueille Nelson Mandela enfin libre en 1990. De la même façon qu'elle sera présente aux côtés des sans papiers grévistes de la faim à l'église Saint-Bernard en 1996.

La mort de François Mitterrand il y a 15 ans n'arrêtera bien sûr en rien son combat pour les droits de l'Homme. Plus que jamais, l'altermondialiste Danielle Mitterrand va poursuivre la lutte pour un ordre plus juste : à travers sa campagne pour le "non" au référendum sur la constitution européenne en 2005, en se constituant en voix forte des opposants face aux dérives de l'ère Sarkozy - notamment en matière d'immigration - et, surtout, grâce au travail de sa fondation France Libertés. Fondée en 1986, celle-ci a fait du combat pour l'accès à l'eau, ce droit humain, cet enjeu fondamental pour aujourd'hui mais plus encore pour demain, son action phare. Danielle Mitterrand a d'ailleurs pu assister à la célébration du 25ème anniversaire de sa Fondation le mois dernier. Son dernier discours aura été aussi combatif et volontariste que le parcours de toute sa vie :

"Nouveaux résistants à l'ordre néolibéral, bâtisseurs d'un monde où chacun trouvent sa part de vie, de liberté et d'action, expérimentateurs de solutions alternatives aux problèmes du temps... Qu'ils se rassemblent, s'unissent, fusionnent partout dans le monde pour mettre un terme à la dictature économique et financière, suppôt des dictateurs politiques. Celles-ci semblent être, enfin, ébranlées par la colère des peuples. C'est heureux mais ce n'est qu'un début. Je souhaite de tout coeur que nos propositions en faveur des biens communs du vivant soient comprises de tous et participent à l'urgente et indispensable métamorphose de la société humaine vers une nouvelle civilisation".

Danielle Mitterrand aurait sans doute eu beaucoup à nous dire encore sur la crise que traverse en ce moment l'Europe et la gestion qui en est faite, au mépris de la démocratie, au mépris de l'égalité et des droits des peuples.

Je souhaite que nous puissions trouver dans nos villes et notre département les moyens de lui rendre un hommage digne de sa personnalité et des combats qu'elle a portés avec force et générosité.